Apprendre à ciel ouvert pour élargir ses horizons et atteindre les sommets
Retour sur la participation du Carrefour au Colloque « Apprendre à Ciel Ouvert » des 26-27 avril 2024
Le « Colloque Apprendre à Ciel Ouvert » avait lieu à Drummondville les 26 et 27 avril derniers et misait sur le partage de notions en lien avec l’intervention par la nature et l’aventure (INA) dans un contexte d’enseignement (principalement) : une pratique émergente dans nos écoles de demain, mais aussi dans les pratiques d’intervention de nombreux organismes communautaires, comme le Carrefour.
« Voilà quelques années déjà qu’une certitude se consolide en moi : l’éducation en plein air et le jardinage pédagogique sont des pratiques révolutionnaires qui ont le pouvoir de changer le monde. Aussi radicale qu’elle puisse paraître, cette conviction s’est renforcée encore plus, la semaine dernière, devant le formidable succès du colloque Apprendre à ciel ouvert qui réunissait plus de participant·e·s que jamais. »
- Événements 100°, Colloque « Apprendre à Ciel Ouvert 2024 »
Un road trip, une formation continue
Alexy-Ann et Dominic ont donc revêtu leur attirail de plein air le temps de quelques jours pour prendre part à cette opportunité de connecter avec d’autres intervenants au Québec pratiquant l’INA. Rendez-vous à Drummondville!

L’événement avait été rendu possible grâce à la FÉÉPEQ (Fédération des éducateurs et éducatrices physiques enseignants du Québec) et financé par Action Réussite.
Cette opportunité de réseautage et d’apprentissage faisant partie intégrante des objectifs du Carrefour d’offrir le meilleur aux jeunes de la communauté, le Colloque était tout indiqué pour nos deux intervenants en développement social.

« L’éducation par le plein air, on veut que ça fasse partie de notre culture, ici au Carrefour, mais aussi dans la culture propre à l’Abitibi-Ouest pour nos jeunes. Même si le Colloque était un peu plus axé sur l’éducation plutôt que sur l’intervention en tant que telle, et qu’il y avait tellement de profs d’éducation physique, on a quand même senti qu’on avait beaucoup à retirer de cette formation et qu’on avait notre place et notre raison d’être là. Certaines des conférences nous ont vraiment marqués. »
- Dominic Fortugno, Intervenant du programme Projet Préparatoire à l’Emploi (PPE) au Carrefour
Le Colloque réunissait environ 700 personnes de partout au Québec. Alexy-Ann et Dominic ont été touchés et impressionnés par leurs rencontres et leurs échanges. Certaines conférences ont été de véritables coups de coeur et les ont fortement inspirés dans leurs futurs projets avec le Carrefour.


« Une des présentations m’a vraiment interpellée. Ça s’appelle Jeunes Karibus. Ils ont présenté ce projet qui vise des jeunes inuits de 14 à 21 ans en situation de vulnérabilité socio économique. Ils partent en ski pendant plusieurs jours, en développant toute la notion de communauté et de déhiérarchisation des rôles. Ils misent sur l’importance de la reconnexion à la nature, à soi et aux autres. Les jeunes développement des outils pour devenir des acteurs importants dans leur communauté ensuite, et beaucoup deviennent même des guides eux-mêmes plus tard pour le projet et les prochaines générations. C’était tellement beau à voir. »
- Alexy-Ann

« C’était le fun de se retrouver dans un endroit où tout le monde a une vision commune, un peu comme un dôme l’espace de deux jours, avec des actions corrélées vers un système d’éducation plus axé sur la nature. »
- Dominic Fortugno
Des pratiques innovantes qui sortent des sentiers battus
Un de leurs plus marquants coups de coeur du Colloque était la présentation de Virginie Boelen, Professeure associée à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM. Sa présentation d’une « approche pédagogique inédite ancrée dans la relation vécue avec la Nature-territoire » a laissé une très forte impression sur les deux employés du Carrefour. Abordant de nombreux sujets émergents, comme l’éco anxiété, l’apprentissage au service de la reconnaissance de la nature, l’aventure prioritaire sur l’intervention, l’apport de la nature sur la reconnexion en pleine conscience et par d’autres sens que la vue, l’importance de la simplicité et de la solitude en nature, et bien plus encore, la chercheuse a su toucher des cordes sensibles à Alexy-Ann et Dominic.
« Grâce à cette présentation, on a remis en perspective certaines de nos approches dans nos projets actuels, parce qu’on veut transmettre notre passion de la nature d’une façon plus intime et naturelle sans toutefois toucher aux clichés et stéréotypes associés aux amoureux de la nature. »
- Alexy-Ann

« Ça m’a donné le goût d’assumer qu’on peut dire merci à la forêt qui nous a permis de passer du temps auprès d’elle, sans être trop stéréotypé ou bizarre. On a une amnésie générationnelle par rapport à la nature, accaparée par le numérique. […] On vit un véritable engouement pour ramener la classe à la nature ou plutôt… la nature dans la classe. »
- Dominic
Le Colloque leur a permis de prendre du recul et d’apprendre que de nouvelles façons de vivre animent le milieu de l’éducation, pouvant se transposer directement dans leurs interventions et leurs projets futurs au Carrefour.
« L’intervention par la nature et l’aventure, dans le cadre de mon travail et quand j’accompagne des jeunes en persévérance scolaire, je me dis toujours que je veux faire ça, parce que ça fait du sens pour moi. C’est stimulant de voir leurs faces et leurs petits mots [dans leurs journaux] après les activités en plein air. »
- Alexy-Ann

« Les défis de la jeunesse aujourd’hui montrent bien qu’il faut faire de plus en plus de recherche et défricher de nouveaux chemins pour l’éducation. […] Quand on intervient auprès des jeunes du Centre Le Retour, par exemple dans une expédition en forêt, on le voit dans leurs yeux la connexion qu’ils ont avec l’Abitibi-Ouest, avec la nature… de voir les oiseaux, les insectes, les petits animaux, et qu’ils se mettent à s’imaginer ce qu’ils font en forêt... Ce qui en ressort est presque poétique : leurs observations, leur émerveillement devant la simplicité du ici et maintenant en pleine immersion en nature… ça touche un peu à leur âme. »
- Dominic
La nature comme co-intervenante à part entière
Dominic prône l’importance du retour aux sources. Dans le cadre de son travail au Carrefour, il a la chance de tester de nouvelles avenues pour les jeunes d’Abitibi-Ouest avec lesquels il intervient directement. Ce qu’il aime le plus, c’est de créer ces petites étincelles dans leur esprit et de susciter les questionnements intérieurs. Après avoir demandé à l’un de ses groupes, un jour, de construire un abri en émettant certaines restrictions, il a fait un retour sur le déroulement de cette activité pour que les jeunes en fassent ressortir les qualités qui leur ont été nécessaires pour l’accomplissement de cette tâche complexe. Persévérance… travail d’équipe… patience… communication… mathématiques et calculs… résilience…
« Ce sont toutes des qualités qui vous sont nécessaires aussi à votre réussite scolaire », a-t-il ajouté avec un sourire en coin.
Mais est-ce que la simple immersion en nature dans un contexte d’aventure permet l’intervention? Est-ce déjà suffisant de s’y trouver sans la dimension aventure? Est-ce que « ne rien faire » en nature n’est pas en soi une intervention extrêmement efficace pour permettre la connexion à la nature et à soi-même, pour les jeunes d’Abitibi-Ouest?
Parce que Dom le sait… les interventions viennent toujours d’elles-mêmes dans un contexte où ces jeunes ont l’espace (littéralement) et l’opportunité de s’ouvrir sur la grandeur inestimable de leur potentiel… entre deux troncs d’arbres.